Alec

 

van der HORST

En cercle

Samuel Beckett fait ses courses

Les démons

 

 
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En cercle

 

 

Les chiens courent parfois derrière leur queue, formant un cercle absurde. De la même manière, toute notre vie nous tournons en rond. Un homme de soixante ans relit son journal d’il y a quarante ans et découvre à sa consternation qu’il se débattait déjà avec les mêmes choses. Nos chagrins, nos frustrations, nos tourments nous sont donnés à un stade précoce. Les uns doivent se contenter d’une concoction assez médiocre de petites questions et de douleurs minables. Les autres se retrouvent avec de l’or, doté de bords tranchants avec lesquels ils peuvent couper le monde en morceaux. Notre vécu a une certaine importance bien sûr : nous pouvons réussir notre existence ou échouer lamentablement, nous grandissons ou rétrécissons. Les psys par contre ne jouent aucun rôle. Ils collent des pansements sur des abimes, ils apprennent aux gorilles à manger des morceaux de sucre. Et avec leurs torches ils tentent d’allumer une nuit aussi vaste que l’univers.

 

 

Samuel Beckett
fait ses courses

 

 

Samuel Beckett traversait la rue des Solitaires sur un vélib. Dans le panier une bouteille de jus de carottes qu’il venait d’acheter au magasin bio du coin. La bouteille tanguait dangereusement. Mais ça ne dérangeait pas Samuel Beckett. Nous allons tous mourir et nous ne pouvons pas aimer les autres, malgré tout ce que nous nous disons. Qu’est-ce qu’il avait à faire d’une bouteille cassée de jus de carottes biologique ?

 

 

Les démons

 

 

En général je préfère me cacher sous une pierre en attendant la nuit. Le clair de lune est plus courtois, surtout pour nos pensées sécrètes. Vers trois heures du mat’ tu te permets même une petite danse. Après tu te couches en souriant, les démons ne frapperont pas à la porte avant six heures, le café est déjà prêt, bienvenu, vous savez où tout se trouve, ça vous dérange si je me recouche un peu ? Ils sourient. Les démons sont souvent polis et pourquoi ils ne devraient pas l’être ? L’histoire touche presque à sa fin, encore un instant et tout sera fini. Ils soulèveront leurs petites valises et s’en iront vers un autre univers. Si seulement ça pouvait ne pas être si ennuyeux là-bas, ils pensent, leur dos légèrement courbé en débarquant dans leur navette spatiale. Tout est labeur, déception et vacuité, jusqu’aux confins de l’univers, et les démons le savent. Nous le savons aussi mais pas aussi bien.

     
 
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