Antonio

 

MORESCO

 

 
 
 
 
 
 
 

 

En vol *

 

 

 

Parfois, quand je les vois passer [les hirondelles] comme des flèches au-dessus de l’étranglement de la ruelle où il y a les deux abreuvoirs en pierre pleins d’eau, arrivant d’en haut, en piqué, déchaînées, effleurant en rase-mottes le sol, à une vitesse inconcevable et puis raser les abreuvoirs pour en prélever, dans ce court instant, un peu d’eau avec leur bec, parce qu’elles ne peuvent pas interrompre leur vol et se poser à terre, alors, tout seul dans cet endroit hors du monde, je fais de grands gestes vers elles, en hurlant :

Mais vous êtes folles !

Oui, oui, on est folles ! elles me répondent, ces bestioles survoltées, sans arrêter de frôler le sol de la ruelle et le fil de l'eau, comme des flèches, en trissant.

D'émotion, j'en ris tout seul.

Il n'y a pas un psychiatre pour les hirondelles ?

Si, mais il est fou lui aussi !

 

La petite lumière Verdier, 2014
Traduit de l’italien par Laurent Lombard

*Titre pour la présente édition

 

Submit to FacebookSubmit to Google PlusSubmit to TwitterSubmit to LinkedIn