Louis

 

RAOUL

 

 
 
 
 
 

 

Vitesses d'une impatience

 

 

 

 

Je pars de ces mots, je vais jusqu’au bout du souffle de ce qui s’écrit. Je traverse de grandes forêts avec leurs bougies de feuillage. Je passe des déserts et leur poids de lumière, des dunes s’effondrent avec lenteur devant cette majesté claire. Ce n’est rien d’autre qu’une longue vague à la recherche d’un sable où disparaître. Je voyage léger, il n’y a rien à dire, tout est à voir. Avec l’écriture, la plume descend lentement, elle cherche une cave, une ombre fraîche, où vieillissent les heures. Je passe par la mer, le blanc de l’écume dans ses yeux, avec toutes ces enfances qui hésitent sur la plage, puis repartent. Je passe par les villes aussi, avec leurs fenêtres du matin où l’on voit des corps qui sèchent, toute cette nuit passée dans des draps aux plis semblables à ceux de l’eau. De même par les montagnes, avec leur neige au soir, cette trace d’un jour qui vient de passer. Et la nuit sur la page, peu à peu, où rien ne s’est dit, où tout n’était que passages offerts au regard. Il reste encore le tour de la chambre, et la brûlure d’un rêve au cœur de la lampe.

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Peut-être me suffirait-il de prendre un train pour échapper à celui qui, en moi, parle tout le temps sans y être invité. Je verrais alors son reflet dans la fenêtre traversé de tant de paysages secondes. Jusqu’à l’effacement. Tous ces mots me font voyager en grande solitude. J’ai ce désir de rendre visite à quelqu’un, je profite de la complicité de la perspective, j’appuie mon doigt sur la lune, je sonne à la nuit. Il y a aussi cette mélancolie, l’eau dormante de mon visage aux deux barques vides. Je pars doucement, je me glisse entre buée et vitre, attendant qu’une main y passe un linge

 

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Ce qui s’écrit me ramène à des promenades, à un itinéraire. Aujourd’hui, il manque le chien, et l’envie de siffler. Chien de toutes mes saisons, du rose de la soif à l’empreinte des jeux dans la neige. Je vous suis mots du voyage, j’ai des provisions pour longtemps et l’encre est fidèle. Je crois en la surprise, au chant de la merveille dans mes yeux. Je laisse encore se nommer la barque qui me conduit. Je vais vers un Orient imaginaire, un autre sens de l’écriture. J’ai maintenant une main de sable, et la peur du vent ...

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