Joannah

 

SCHWAB

 

 

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John

 

 

 

Un jour on a cru que John avait disparu. Ce jour-là la mer avait été belle et on avait joué aux quilles dans le jardin.

John n'a pas de visage ou tous les visages.

Tout commence et finira avec John.

Il y a cette chaise qui rappelle John et pourtant John ne s'y est jamais assis.

Quand John nous parle, ça fait des ratés dans l'image, on ne voit plus rien, et il faut tout recommencer.

On peut dire que tout part de John.

Le lendemain on s'est réveillé avec le goût de John dans la bouche et après ça, il n'est plus jamais parti.

On n'oublie jamais longtemps John.

Quand on regarde le ciel, John vous prend à la gorge, alors un jour, on arrête de le regarder.

Un John en cache toujours un autre.

Vivre s'habitue, il suffit de ne pas regarder trop longtemps la même chose.

On imagine volontiers que tout le monde connaît John.

John est comme une maladie dont on ne guérit pas.

Il s'assoit à côté de vous le soir quand, debout sur la véranda, votre pied incertain piétine son ennui.

On voudrait le fuir mais John est un silence plus grand que tous les bruits.

Le petit garçon ne connaît pas John pourtant John a déjà sa cachette quelque part en lui.

Un jour, sur les marches de l'escalier, on oublie John.

Alors on va à la mer et on est presque heureux.

On dit que l'on peut guérir de John mais moi je l'ai vu dans chaque visage, rencontré dans chaque maison et j'ai couché avec lui toutes les nuits de ma vie.

Depuis longtemps on ne regarde plus le ciel.

Un matin il prit le petit garçon par la main et l'emmena en haut de la colline. Le petit garçon pleura. C'était la première fois.

On ne sait jamais quand John va apparaître ; ce matin, dans le rai de lumière, au bas de la porte.

John ne sait pas qu'il est là.

John n'a ni début ni fin.

Plus tard le petit garçon essaya de tuer John mais il n'y arriva jamais.

Chaque jour lui invente sa forme.

Parfois il est ce petit garçon qui court.

Il était une fois John.

On le cherche dans les pièces de la maison.

On n'oublie jamais longtemps John.

On peut dire que tout part de lui.

Hier on a enterré John mais ça n'a pas marché.

John est comme une maladie.

Une histoire sans John est un mensonge.

Il était une fois John.

Alors on va à la mer.

Il y avait longtemps qu'on avait cessé d'y croire quand un jour pourtant, on regarda le ciel, et l'on n'y vit pas John.

Et on est presque heureux.

On s'allonge sur le sofa pour l'oublier.

Vivre s'habitue.

John est ce qui manque.

Tout commence et finit avec lui.
Chaque jour
Chaque visage
John.

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